Textes : Marilène Meckler - Photos et réalisation : René-G. Meckler - Tous droits  réservés

Voyage en poésie : Récents voyages

(Scandinavie, Floride, Chili, Argentine...)

Scandinavie

Les pics des Lofotens
   

Vous, géants ancestraux, ayant surgi de l’onde,
En écharpe de neige et les cheveux dressés,
Vous accrochez au ciel qui, toujours, vagabonde,
Des étoiles de mer et des songes tissés.

 

En faisant frissonner sapins, bouleaux et saules,
Des caresses de mousse envahissent vos flancs
Que les mouettes, lors, de leurs coups d’ailes, frôlent,
Entraînant, dans leur vol, tous ces nuages blancs.

 

Lorsque la vague enfile, une à une, ses criques,
Pour faire des colliers à pendre à votre cou,
Le soleil de minuit se répand en critiques :
Jaloux de cet amour, il peut devenir fou.

 

Comme les dieux vikings, vous veillez, sans relâche,
Sur les villages fiers des pêcheurs courageux
Qui chevauchent la vague et sont durs à la tâche,
Durant des jours, des mois, avant les temps neigeux.

 

Sur les lignes de vie, en vos mains vigoureuses,
D’innombrables torrents gambaderont, sans peur,
Apportant l’énergie à ces nuits langoureuses,
Qui baigneront l’hiver, d’une étrange torpeur.


Lofotens : archipel au large de la Norvège, au nord du cercle arctique

 

Aux îles Lofoten
   

Je voudrais m’allonger sur la petite barque
Qui rêve sur un lac de l’archipel béni.
Alors, en souhaitant qu’aucun ne me remarque,
J’irai chercher l’été bercé par l’infini.

 

Comme le cormoran, je fais sécher mes ailes,
Pour voler d’île en île et cueillir des lupins,
Par-dessus les grands pins, aux ardeurs éternelles,
Qui protègent les ports, les lilas, les sapins.

 

Dans tous les miroirs d’eau qui décorent la mousse,
Je peux voir mon reflet d’elfe aux cheveux dorés ;
Le solstice vaillant dessine ma frimousse,
Sur le sable mouillé par les flots désirés.

 

Enlacer le soleil qui, jamais ne se couche,
Me donne la vigueur d’un printemps éternel.
Des étoiles d’amour fleurissent sur ma bouche,
Ne pouvant plus briller dans un noir solennel.

 

La ronde des couleurs, émeraude, turquoise
Et bleu des profondeurs émerveille la mer
Qu’une langue de neige approche et apprivoise,
Vive de gourmandise, en ce lieu doux-amer.

 

Miracle de beauté, la déesse Nature
Fait danser la fougère, au rythme de son cœur ;
Émerveillant juillet lancé dans l’aventure,
Elle viendra m’offrir son sourire vainqueur.

L’appel de la nature, en Norvège

 

En quête de nature, ils vont, main dans la main,

Par de libres sentiers, aux veines apparentes,

Qui racontent la vie en espérant demain ;

Les mousses, les lichens, auprès de leurs pas, chantent.

 

Percé par des torrents qui gambadent, sans peur,

Le secret des forêts fières, infatigables,

Se donne à la légende, aussi chère à leur cœur

Qui fait vivre des trolls aux mœurs inexplicables.

 

Debout sur la palette où ces verts estivaux

Vont scintiller, en chœur, tout près des toits de tourbe,

Des églises en bois chantent sous les flambeaux

Des cantiques d’été dont l’élan ne se courbe.

 

Sur la fraîche rivière aux frissons argentés,

Le bleu devenu roi pousse sa goélette.

Ainsi vêtu d’écume, en quittant les cités,

Il épouse juillet où le ciel se reflète.

 

Un nuage oublié joue à saute-moutons,

Par-dessus tous ces lacs qui vivement scintillent.

Des chalets colorés, parmi les clochetons,

Sur les prés parfumés, joyeusement, frétillent.

 

Quelques langues de neige apaisant les sommets

Taquinent un soleil qui jamais ne se couche.

Des cascades naîtront, ouvrant leurs guillemets,

Pour souffler un poème, au seuil frais de leur bouche.

Floride

Archipel des Keys*
   

Sous les doigts caressants d’une brise féline,
Deux ravissants voiliers partaient en amoureux,
Nager dans la lumière où le soleil s’incline,
Flotter sur une estampe aux pastels généreux.

 

Leur voyage inouï semblait survoler l’onde,
Griffer le firmament, d’un sentiment béni,
Et toucher cette étoile à l’humeur vagabonde
Qui danse à l’horizon où s’écrit l’infini.

 

Archipel enchanteur tel un village d’îles,
Tu marches, les pieds nus, sur les vagues d’argent
Accrochant ton regard qui ne rêve qu’idylles
Aux brumes de satin qui dorment sous le vent.

 

Océan Atlantique et mer des Caraïbes
Gardent jalousement cet éden tropical,
Sirène aux chants divins dont les charmes s’exhibent,
Royaume où les bateaux rêvent d’aller au bal.

 

Points de suspension sur la page turquoise, 
Des îlots de mangrove achèvent le roman 
Des pêcheurs, un des leurs, Hemingway que l’on croise,
Embellissant l’exploit, quêtant le talisman.

 

Couleur et fantaisie, ensemble pétillantes,
Jouent avec ces maisons debout sur pilotis,
Comptent, sans se tromper les écailles brillantes
De la houle bercée, en ses doux chuchotis.

 

Lorsque les perroquets viennent donner spectacle,
Sur un air de salsa qui déchaîne le soir,
Le drapeau flotte, encore et porte le miracle
D’un peuple américain aux couleurs de l’espoir.


*Les Keys : archipel d’îles tropicales au sud de la Floride

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Chili

Torres del Paine
   
Au pays enchanteur des « Tours de la rivière »,
La déesse Nature, en habit de gala,
Sur nos yeux éblouis, danse avec la lumière,
En délaissant la steppe, en sommeil, au-delà.

 

Dans les pas des géants qui croquent les nuages,
Sa blonde chevelure ondule aux vents puissants
Et les dents de basalte égrènent leurs messages,
Sous le vol des condors, aux regards si perçants.

 

Des camaïeux de verts parlent aux plages noires
Soupirant de plaisir dès les premiers matins.
Outremer et turquoise, émeraudes en moires
Font chanter le regard des lacs diamantins.

 

Quand le soleil vient boire aux neiges éternelles,
L’aiguille de granit, en tricotant le ciel,
Habille, de vertus, ces terres immortelles
Et la lagune entonne un cantique de miel.

 

Les torrents, le glacier rivalisent d’audace
Pour dépasser la course et les multiples bonds
Des guanacos peureux qui, soudain, trouent l’espace,
Découvrant le chemin des cirrus vagabonds.

 

C’est un endroit sauvage où commença le monde !
Ici, la main de l’homme ébloui de beauté
N’a pas osé troubler cette paix si féconde.
Que demeure toujours ce paradis bleuté !

 

                                                             Marilène Meckler (Chili - Avril 2023)

 

Torres del Paine : Parc National du Chili où coule la rivière Paine

Guanacos : Camélidés sauvages proches du lama

Argentine

La Boca

 

 (À Benito Quinquela Martín, peintre argentin)

   

Toi généreux artiste aux paumes de blé mûr,
Un éclat de génie anima ta palette.
Philanthrope estimé, dans ton regard si pur,
Voyageaient les espoirs de ce peuple sans fête.

 

Là, si près du rio fier de trouver la mer,
Priaient avec ferveur tes pinceaux de lumière,
Pour changer la pénombre, en havre sans hiver
Grisant d’éternité chaque rose trémière.

 

C’est comme un échiquier aux multiples couleurs ;
Aux vieux pas fatigués, il donnerait courage.
Aux façades de tôle affichant leurs pâleurs,
Il offrirait les jeux d’une enfance en voyage.

 

Ô, natif du quartier des peuples immigrés,
Ami des pauvres gens, des pêcheurs téméraires
Et des marins génois qui chantaient, inspirés,
Merci pour ton grand cœur, tes œuvres nous éclairent !

 

Le tango, dans la rue, a repris ton refrain,
D’un espoir qui jaillit de la mélancolie.
Il a bu le maté qui préserve l’entrain,
Et dans les cieux obscurs, rechercha l’embellie.

 

                                             Marilène Meckler (Argentine - Avril 2023)

 

Boca : quartier populaire de Buenos Aires

Argentine
   

Des chutes d’Iguazu vers la Terre de Feu,
Des pampas des gauchos à la Patagonie,
Ton long regard de braise a inventé ce jeu
Où toutes les couleurs jouent une symphonie.

 

Quand flottent les tangos, sur l’odeur du maté,
Des vents de l’Antarctique, aux chaleurs des tropiques,
La passion du foot, comme un hymne chanté,
Unit les argentins, dans des foules épiques.

 

De la plaine infinie aux sommets enneigés,
Le décor se transforme et s’offrent des visages
Inspirés de l’Europe aux destins mélangés,
Ou des amérindiens nés dans ces paysages.

 

Et le sens de la fête emporte les soucis ;
Leur amour de la Vierge éclaire les églises.
L’odeur d’un asado, par les jours éclaircis,
Vogue sur les repas où les tracas s’enlisent.

 

Si les dents des glaciers croquent un bout d’azur,
Se dorent au soleil, mille steppes herbeuses,
Les pieds baignés dans l’eau d’un turquoise si pur,
Que d’envie, ont pâli les pierres précieuses.

 

Tourbières et forêts au lichen chevelu,
Terre des Yamanas autour des feux vivaces,
Dans la baie admirant d’un regard résolu
Le soleil se lever, près du vol des rapaces.

 

Oiseaux du bout du monde autour de l’archipel,
Bernaches, cormorans, autres pingouins et sternes,
D’un univers où chante un bleu presqu’irréel
Comme un conquistador brandissant ses lanternes.

 

Toujours, je reverrai, dans mes soirs d’astrakan,
Tels des miroirs brisés, les Andes qui descendent,
Pour rêver librement au bord de l’océan,
D’un pays aux valeurs qui, toujours se transcendent.    

                                                 

                                                                             Marilène Meckler - Avril 2023

Asado : viande grillée
Yamanas : une des tribus indigènes qui peuplaient la terre de feu